Jeune artiste canadienne de 24 ans, Chloé Wise maîtrise comme personne les codes de sa génération. Douée en peinture, en sculpture, en vidéo, à la fois styliste et mannequin, l’artiste multi-casquettes excelle dans l’auto-promotion sur les réseaux sociaux. A travers ses œuvres, elle nous offre une analyse de notre relation à la mode et à la consommation en générale avec une grande autodérision qui fait sa signature.
« Produire quelque chose, c’est ma façon de vivre » – Chloé Wise
GOURMANDISE ESTHÉTIQUE
L’artiste se réfère au pop art et à sa glorification de la banalité du quotidien. Passionnée de mode, Chloé Wise tente de montrer à quel point la mode peut modifier nos comportements. La série Bread Bags mêle junk food et luxe et fait directement référence aux grandes marques comme Chanel, Fendi ou encore Louis Vuitton. « Ils sont pour moi un moyen de montrer la fascination envers la mode et le luxe. Je suis subjuguée par le fait que les grandes maisons puissent apposer un logo sur un accessoire, arrivant à ce que l’on ait envie et besoin d’y être associé. J’admire les créateurs adaptant leur stratégie pour attirer l’attention des femmes sur un objet qui leur donnera l’impression d’être plus riche, plus jeune ou plus désirable ! ».




Ses sculptures sont réalisés à partir de vrais (ou faux) sacs à main de luxe achetés sur internet. Elle n’en garde que la chaîne en anneaux et l’étiquette de cuir ou la plaque métallique sur laquelle est inscrit le nom de la marque. Ensuite, elle crée le corps principal du sac avec des pancakes couverts de sirop, des sandwichs, des muffins, des bagels ou des gaufres. Tous ces aliments, bien qu’il soit d’un réalisme inouï, sont en plastique uréthane fabriqués à partir de moules. Pour rendre son oeuvre crédible, Chloe Wise reconstitue avec précision les couleurs de chaque aliment.





DES THÈMES RÉCURRENTS
Dictature de l’image, fascination pour la célébrité, hyper sexualisation, excès marketing, consommation à outrance: si les thèmes qu’elle aborde dans ses œuvres ont des connotations féministes, l’artiste dit surtout explorer des sujets qui l’interpellent personnellement.



GÉNÉRATION SELFIE
La culture du selfie est au cœur du travail de la jeune artiste aux 32 200 abonnés. Dans ses œuvres, elle se dessine et témoigne d’une relation ambiguë au narcissisme teinté d’autodérision. Elle maîtrise toutes les ficelles du réseau social Instagram et s’en sert comme d’un levier business pour partager sa vie, son travail et ses inspirations. « J’ai 24 ans, je suis une fille du millénaire, je suis de la génération Internet, j’ai constamment mon téléphone en main. […] À peu près tout ce que je fais passe par un écran. Cela influence évidemment mon art », admet-elle.





Plusieurs de ses vidéos, souvent réalisées en collaboration avec l’artiste canadien Adam Levett la montrent ainsi en train de prendre des selfies à répétition. Elle s’y moque aussi bien de l’obsession de sa génération pour les apparences que de son propre narcissisme.
Chloe Wise met donc en lumière les plaisirs, dérives et désirs de son époque à travers des oeuvres à prendre au second degré.
Cover : Chloé Wise – Oil Paintings – chloewise.com
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